mercredi 9 juin 2010

Championnes de France

Depuis dimanche, on répète ça inlassablement, et on n'a pas vraiment l'impression de parler de nous. Pourtant, on est bien championnes de France. On vient de battre Béziers en finale. C'était... Waow.



On a marqué un premier essai au bout de dix minutes, et toute notre tribune a commencé à respirer : on ne rattrape pas Nice qui a ouvert le score. Enfin, en principe, parce que à la 15e, Béziers nous rejoint, 5-5. A la 23e, attaque au large, le ballon vole, les 3/4 courent, nouvel essai et on respire de nouveau. Jusqu'à la 35e, une passe un peu à plat et la deuxième centre de Béziers qui la cueille au beau milieu de notre attaque. 12-10. Plus un bruit dans nos tribunes. C'est la première fois de la saison qu'on est menées alors qu'on a ouvert le score. D'un coup, tout le monde se rend compte que cette finale peut encore nous échapper, sur rien, sur une boulette parce que c'est nous qui menons la danse, et malgré tout, Béziers subit. Oui, elles sont prenables. Fini les conneries et les passes dans le vent. On verrouille notre attaque, on ne laisse plus aucun ballon, on ne fait plus de faute et on y va. Jusqu'à la 65e, Béziers est championne de France. Jusqu'à ce que le maul niçois finisse par enfoncer la muraille de Béziers, pour s'écrouler dans l'en-but. 15-12. Les tribunes et la touche s'embrasent et s'embrassent déjà. Et puis le décompte des minutes. De si longues minutes. 13 minutes. 11 minutes. 8 minutes. 6 minutes. 3 minutes. Et d'un coup, une touche, dans nos 40. Un moment de flottement, une dizaine de secondes tout au plus, dix secondes d'incertitude et de panique, parce que l'arbitre a sifflé, trois coups longs et impérieux, mais personne n'est sûr d'avoir bien entendu. Deux poings se lèvent. La tribune explose, alors que les filles de Béziers glissent au sol. Nous, pendant ce temps, on arrache nos chasubles et on court, comme si on était poursuivies, ou comme si on courrait vers la mer pour se jeter dans les vagues, ou comme si un type avec un fusil à pompe descendait méthodiquement toute l'assemblée, ou comme si on venait de gagner. Je cours devant, Amandine est là en face et Viriginia juste à coté de moi, et d'un coup, j'arrive dans la marée de bras, d'embrassades, tout le monde pleure et rit, s'enlace, mais personne ne parle vraiment, moi aussi je pleure, et tout le monde passe de bras en bras, tout le monde cherche à embrasser tout le monde, dans la cohue, on dessine une haie d'honneurs à nos adversaires vaincues, mais personne n'y est vraiment parce qu'on ne se souvient que des vainqueurs et jamais des vaincues qui nous font aussi une haie d'honneur, aussi convaincante que la notre, et on porte Nath la capitaine jusqu'au bouclier, on se met en rang d'oignon pendant trois secondes et c'est de nouveau le foutoir pour toucher le bout de bois, LE bout de bois, NOTRE bout de bois, et ensuite pendant une heure, il passe de main en main, de photo en photo, le champagne gicle et quand une se la joue F1, les autres lui tombent dessus pour l'empêcher de gâcher, avant d'arroser tout le monde à leur tour, et on tape sur le bout de bois, et on l'embrasse, et on pose avec, et on le brandit, on le cajole, on l'admire, on compte qui et quand et combien de titres, et on le prête aux supporters, et on se prend en photo avec, et on le mitraille, sous tous les angles, avec tout le monde, et encore on passe de bras en bras dans les bras de celles qu'on n'a pas encore croisées, on retrouve celles qu'on n'a pas vues depuis longtemps, et puis petit à petit, il y a de moins en moins de monde sur le terrain, de plus en plus de monde au téléphone, et c'était tellement un putain de bonheur que je pourrais écrire tout ce que je veux, j'arriverais à peine à vous le faire toucher du doigt.

3 commentaires:

  1. coucou, j'ai pas trouvé de mails pour t'écrire, je pense que tu es plutôt branchée Midol, mais Marie-Laure de femme de joueur à trouvé une vidéo de l'Equipe, on va dire, heu... ben tu verras, je penses que toi aussi ça va pas te plaire, toi qui nous fait des super commentaires de matchs
    http://femmedejoueur.canalblog.com/

    et bravo pour la finale !!!!

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  2. Ca craint, c'est sûr. J'avais vu cette vidéo déjà, et franchement... C'est du même niveau que les collègues qui demandent si ça vire pas en partouze dans le vestiaire après une victoire.

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  3. Waou ! trés emouvant ! Bravo pour ton "article" il est trés bien écrit. On ressents les émotions ! Et félicitations pour le titre.

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